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MDS 2024 – La troisième étape

MDS

crédit photo : Arnaux Cailloux

Retour sur la troisième étape du MDS, The Legendary

Le 16 avril 2024 était donné le départ de la troisième étape du Marathon des Sables, The Legendary. Autant attendue que redoutée, l’étape longue n’a pas déçu les 830 partants : 85,3 km de sable et de rocailles à parcourir sous un soleil de plomb.

Traditionnellement, il y avait deux départs pour l’étape longue du Marathon des Sables, The Legendary : un premier à 6 h, pour l’essentiel du peloton, et un second 1 h 30 plus tard pour les 50 premiers. Ce décalage offre chaque année de très beaux moments de partage, lorsque les « anonymes » se font dépasser l’un après l’autre par les « élites » : les encouragements fusent de part et d’autre, ainsi que les sifflets d’admiration devant la foulée des professionnels. Respect mutuel et admiration : de belles valeurs qui rejoignent celle de l’épreuve.

crédit photo : Arnaux Cailloux

Plus d’infos

Le parcours

Cette troisième étape est un grand classique sur le MDS, The Legendary, avec le célèbre djebel EL OTFAL et sa face rocheuse, descendu par sa face sablonneuse, les magnifiques crêtes des djebels JOHA BABA ALI et HERED ASPER, le passage au pied des ruines de BA HALOU et le long cordon de dunes leur succédant, la traversée de l’oued RHERIS, les contreforts sablonneux du djebel RAS KHEMMOUNA, le lac salé MAI DER et la traversée de la passe EL MAHARCH.

Des lieux superbes encore magnifiés par l’effort comme en témoigne John Odonnell, quelques minutes après avoir franchi la ligne d’arrivée :

« Chaque section avait quelque chose de vraiment spectaculaire. Il a fait vraiment très chaud. Ce que j’ai préféré ? Ce sentiment d’accomplissement. Ainsi que les checkpoints : tout le monde est vraiment fantastique. »

crédit photo : Anthony Deroueux

Mohamed El Morabity s’impose

Comme ils l’avaient annoncé lors de la précédente étapes, les trois Marocains en tête du 38ème Marathon des Sables, The Legendary se sont expliqués sur les 85,3 km de l’étape longue. Et c’est Mohamed El Morabity qui s’impose en force, prenant une grosse option sur la victoire finale.
Chez les hommes, la course débutait de manière mesurée au lever du jour, Rachid El Morabity prenant la tête, marqué par son frère Mohamed et leur compatriote Aziz Yachou. Les premières difficultés passées, à savoir un cordon de dunes, l’ascension par la face rocheuse du djebel EL OTFAL, sa descente par la face sablonneuse, le trio arrivait au premier checkpoint au coude à coude.
crédit photo : Ian Corless
La course de Mohamed
C’est dans la grande plaine, après le premier checkpoint que Mohamed commençait à produire son effort. Jusqu’au km 25, la différence d’allure restait très modérée, mais à partir de là, Mohamed accélérait de 2, voire 3 km/h selon la technicité des sections. Extrêmement concentré, à plus de 14 km/h sur les sections roulantes, Mohamed se retournait régulièrement, pour jauger l’avance sur ses poursuivants.
Impossible de les voir dans son rétroviseur : l’écart se creusait de manière surprenante, atteignant 10 km dans le final. Surréaliste ! Mohamed franchissait la ligne d’arrivée épuisé, au bord des crampes, mais satisfait de cette journée incroyable : « Je suis content d’avoir gagné aujourd’hui » lâchait-il avant d’aller se reposer dans sa tente. Son chrono : 7 h 37’ 47’’ soit 11,2 km/h de moyenne.
Les rivaux
De leur côté, Rachid et Aziz ne réussissaient pas à se départager. Tour à tour, les deux hommes prenaient la tête de la poursuite, pour terminer ensemble à 200 mètres de la ligne d’arrivée. Rachid a alors lancé le sprint, mais la pointe de vitesse d’Aziz lui a permis de l’emporter en 8 h 31’ 52’’.
Resté au chaud, si l’on peut dire, dans le Top 10 dans la première partie de cette étape longue, Yohann Stuck sortait le grand jeu sur la seconde moitié. Il terminait à la quatrième place avec seulement 7 minutes de retard sur Aziz et Rachid.
crédit photo : Ian Corless
Chez les femmes
Aziza El Amrani s’imposait pour la troisième fois consécutive en 10 h 46. Elle devançait Aziza Raji de plus de 45 minutes. Comme lors des deux précédentes étapes, Adriana Moser prenait la troisième place.

Le classement à l’issue de l’étape

Après cette troisième étape stratosphérique, Mohamed El Morabity confortait sa place de leader. Il disposait de plus de 54 minutes d’avance sur Rachid, lui-même une seule petite seconde devant Aziz. Si Mohamed avait pris une sérieuse option pour la victoire finale, la deuxième place était très loin d’être jouée !
On pouvait saluer l’entrée fracassante de Yohann Stuck dans le Top 5, avec une 4ème position, 10 secondes devant Hamid Yachou.
Chez les femmes, Aziza El Amrani fonçait vers la victoire finale. Aziza Raji semblait également bien accrochée à sa seconde place, et la Néerlandaise Adriana Moser à sa 3ème position.

Les femmes à l’honneur de cette troisième longue étape

Les Marocaines
Aziza El Amrany gagnait la troisième étape du MDS, The Legendary à 8 km/h de moyenne, confortant son avance au classement général. Elle creusait ainsi l’écart sur ses concurrentes. Aziza Raji et Adriana Moser confortaient leurs 2ème et 3ème place.
crédit photo : Ian Corless
On a senti Aziza El Amrany très forte sur les deux premières étapes, mais l’étape longue restait une grande inconnue : n’avait-elle pas trop puisé dans ses réserves, pour se constituer un matelas d’avance sur ses poursuivantes ? Désormais, on savait : Aziza, qui court actuellement son troisième MARATHON DES SABLES, The Legendary, est à son meilleur niveau. Elle a largement dominé l’étape longue, produisant une course consistante de bout en bout, en solo. Sa moyenne la classait en 14ème position au scratch sur l’étape, et en 15ème position au classement général scratch après trois étapes.
Derrière Aziza El Amrany, les positions se stabilisaient elles aussi. Aziza Raji continuait de produire une course régulière, forte de son expérience avec 5 MDS, The Legendary, dont une victoire en 2021.
crédit photo : Ian Corless
Adriana Moser
En troisième position, Adriana Moser découvrait le MDS, The Legendary après sa victoire sur le HMDS Maroc en octobre dernier (120 km, 3 étapes). Moins expérimentée que les deux Marocaines, mais très déterminée, elle franchissait la ligne d’arrivée extrêmement fatiguée, peu avant le coucher du soleil. Elle devait profiter de la journée de repos, pour repartir dans les meilleures conditions le lendemain afin de conserver sa position.
Les Françaises
Une Française sortait du Top 5, une autre Française y entrait : c’était la valse de l’étape longue. La bonne surprise du jour, portait le nom de Rajaa Hamdaoua. Pour une première sur le MARATHON DES SABLES, The Legendary, cette Française vivant à Dubaï a su se faire discrète sur les deux premières étapes, et sortait une très solide étape longue.
Partie dans la première vague, hors Top 50 donc (seuls les 50 premiers partaient 1 h 30 plus tard), Rajaa se montrait régulière. Subissant comme toutes des passages à vide, elle se faisait rattraper par Aziza RAJI qui la motivait sur la dernière ligne droite. Toutes deux en terminaient en moins de 13 heures, ce qui plaçait Rajaa en 3ème position de l’étape, et 5ème au général.
Contre-performance
La mauvaise surprise, c’était la contre-performance de Laurence Klein, arrivée à la 325ème position au scratch, et 55ème femme. Comment expliquer ce coup dur pour Laurence, qui jusqu’ici était 5ème au général chez les femmes ?
crédit photo : Ian Corless
Elle était pourtant partie sur un très bon rythme, dans la première vague puisqu’elle était 56ème au classement scratch. Virtuellement en tête, Laurence subissait un coup de chaud aux alentours du trentième kilomètre. Dès lors, c’était la descente aux enfers pour la Champenoise, pourtant victorieuse trois fois sur le MDS : au milieu du désert, personne n’est à l’abri. Mais Laurence serrait les dents, et profitait des checkpoints pour se reposer. Finalement, son fils Lilian Fricotteaux la rattrapait au CP6. Tous deux finiront les 25 derniers kilomètres ensemble.
C’est ça aussi l’esprit du MDS : savoir changer d’objectif, rebondir, et prendre du plaisir sous une autre forme, avec, finalement, un sentiment d’accomplissement encore plus fort.
crédit photo : Ian Corless
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