TRAIL ET TRAUMATISME DES MEMBRES SUPÉRIEURS

Thomas De Peyrecave 7 juin 2020 LE P'TIT SECOURISTE 1 Comment 751 Vues

Aujourd’hui dans le monde du trail, il existe toutes sortes de blessures ou problèmes. Les plus connues sont les entorses, l’hypoglycémie, les problèmes gastriques, les coups de chaud ou de froid. J’en passe …

Pour pallier tout ceci ; les organisateurs mettent en place un certain nombre de mesures :

Vestes coupe-vent, imperméables,
De quoi manger et boire,
Couverture de survie…

Une des blessures les plus courantes est l’entorse

La bande de strapping fait partie du matériel obligatoire. Seulement, qui sait poser un bandage correctement, afin d’arriver sans encombre sur un ravito ? Malheureusement peu de coureurs et c’est bien dommage. Ce n’est pas là le but de cet article, mais je vous en parlerai prochainement.

Une autre blessure arrive très souvent : les atteintes au niveau des membres supérieurs

Trop méconnues, et pourtant ces blessures sont, avec les entorses de la cheville, les plus courantes.

Les chutes dans les descentes, à cause de l’utilisation des bâtons, ou tout simplement une glissade, lors d’un petit saut de cabri… Bref, en montagne, tout peut arriver.

Avez-vous déjà essayé de descendre avec une fracture du bras, de l’avant-bras, ou de l’épaule ? Il faut se tenir le membre, pas facile de descendre à un poste de ravitaillement en montagne, sans ses deux mains pour s’équilibrer.

Et pourtant, en compétition de trail, seule la bande de strapping, est notifiée dans le matériel obligatoire. Aujourd’hui, on parle de plus en plus de performance. Donc ce serait un scandale, d’oser rajouter du matériel. Surtout pas de poids en plus, ça ne va pas la tête. 200 grammes c’est trop lourd !

Quel est le poids de la sécurité pour vous alors ?

Je ne suis pas un coureur élite. Je ne peux alors « surement par comprendre » ce que c’est que gagner des grammes pour performer. Néanmoins, quand je pars sur un trail, j’ai toujours une trousse de secours, pour répondre à des situations d’urgence.

Vous l’aurez compris, je vais vous parler de protection des membres supérieurs, suite à un traumatisme, au moyen d’une écharpe. Cette écharpe triangulaire est un moyen d’immobilisation, conçu pour soutenir un membre supérieur fracturé ou blessé, en situation d’urgence.

Son installation permet de ne pas déplacer davantage une fracture, afin d’éviter d’éventuelles complications. De plus, elle diminue également la souffrance du blessé en limitant les mouvements. Cela lui permettra de rejoindre un ravito, la ligne d’arrivée ou un poste de secours plus facilement.

Elle peut être installée de plusieurs façons, selon la localisation de la blessure

Il est donc important, de connaître les techniques de mise en place. Cela peut être fait lors d’une formation en secourisme par exemple, voir notre article.

Caractéristiques

Dimensions : en général 136 x 96 x 96 cm
Taille unique
Couleur : blanc
Textile non-tissé 30g/m²
Triangle de tissu non extensible (coton, toile, papier non tissé…)
Grande légèreté et bonne résistance
Tarif : environ 1 euros maximum

Les différentes immobilisations

Traumatisme de la main, du poignet ou de l’avant-bras : écharpe simple

1/ Engagez une des pointes, ou chef, du triangle entre le coude et le thorax et la faire passer sur l’épaule du côté blessé. Le sommet du triangle se trouve du côté du coude et il faut que la base soit perpendiculaire à l’avant-bras qui doit être immobilisé.

2/ Ajustez et déplissez le triangle, du coude à la base des doigts, ils doivent rester visibles. Rabattre la seconde pointe, sur l’avant-bras et la faire passer sur l’épaule opposée au côté blessé.

3/ Relevez la main au-dessus du niveau du coude puis nouer les deux pointes derrière le cou.

4/ Faire un nœud « queue de cochon » au niveau du coude en tortillant le sommet ; le glisser ensuite entre le coude et le bras.

Traumatisme du bras : écharpe simple et contre écharpe

1 / Réalisez une écharpe simple comme ci-dessus

2/ Prenez votre 2^ème écharpe. Placez la base au niveau de l’épaule du membre blessé, le sommet vers le coude.

3/ Amenez les 2 pointes sous l’aisselle opposée en enveloppant le thorax et les omoplates de la victime. Réalisez un nœud devant ou à l’arrière mais pas sous l’aisselle, ce qui pourrait être gênant.

4/ Faites un nœud de cochon sous le coude.

Traumatisme de l’épaule, clavicule, omoplate : écharpe oblique

1/ Glissez la base du triangle sous l’avant-bras, le sommet vers le coude.

2/ Faire un nœud avec les pointes, ou chefs, en enveloppant le thorax et omoplates, et toujours en disposant la main plus haute que la ligne du coude. Toujours laisser apparaitre les doigts, comme pour l’écharpe simple.

3/ Faire un nœud de cochon sur le coude.

4/ Si l’épaule présente une déformation importante empêchant de rapprocher le bras du corps, intercaler un rembourrage (tissu enroulé…). Ne jamais tenter de rapprocher le bras ; vous risquez d’aggraver le traumatisme.

Les traumas des membres supérieurs, une blessure présente dans notre sport

L’écharpe n’est pas aussi importante que la couverture de survie. Par contre elle l’est autant que la bande de “strap”. La descente en montagne avec une entorse ou une fracture des membres supérieurs est tout aussi difficile et douloureux.

Pourquoi certains matériels de sécurité sont obligatoires et pas d’autres ?

Aujourd’hui, 90% des traileurs ne savent pas se servir de la couverture de survie, des bandes et des écharpes. Les coureurs sont plus attirés par la couleur de leurs chaussures, leurs résultats et celui des autres, que par la sécurité.

Les mentalités en montagne doivent changer

Plusieurs questions se posent alors :

Combien sont capables de porter secours ?
Combien connaissent réellement les gestes qui sauvent ?
Et savent les appliquer ?

Notre sport évolue. De plus en plus de monde le pratique. Les courses se multiplient. Le nombre de blessés va donc augmenter. Il est peut-être temps de penser sécurité avec ou sans la performance. On n’a qu’une seule vie alors pourquoi jouer avec ?