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Confinement : Entretien avec Maxime Cazajous

Maxime CazajousCrédit photo Pierre Ezcurra

Sport et confinement, comment cela se passe avec les sportifs de haut niveau.

Maxime Cazajous est un traileur que l’on ne présente plus. Il est arrivé sur le tard dans le milieu du trail, sérieusement en 2011 à 32 ans.  Il a su très vite se faire un nom. Pourtant ce béarnais n’est pas aussi connu en France que certains autres coureurs.

Par contre, dans le Sud-Ouest, il reste l’un des hommes à abattre sur la ligne de départ si tu veux avoir une chance de gagner. Enfin presque, car même sur une jambe, il peut faire des résultats énormes.

Dans les Pyrénées, il a gagné toutes les plus grosses courses, certaines sont très exigeantes et difficiles. On pourrait citer le BK85, le GTVO, l’Euskal Trails et bien d’autres. Malheureusement les athlètes les plus connus courent dans les Alpes. Les Pyrénées ne sont pas vraiment reconnues.

Maxime Cazajous

Mais cet athlète ne recherche pas la médiatisation, ou être mis en lumière. S’il ne court pas sur des courses nationales, c’est tout simplement car il place sa vie de famille et son travail avant tout. Sportif assidu à ses entrainements 10 à 12 heures par semaine en hiver, il peut monter jusqu’à 25 heures dans les grosses périodes, du 6 jours sur 7.

Mais là forcément, il est comme tout le monde, obligé de resté chez lui. Comment cela se passe pour un sportif de haut niveau comme lui, amoureux des grands espaces ?

Il a très gentiment accepté de répondre favorablement à ma demande…

LPT : Bonjour Maxime, merci de m’accorder un peu de ton temps. Déjà comment vas-tu en cette période un peu spéciale ?

MC : Moi ça va, il y a pire. J’ai la chance d’être en forme, d’avoir un jardin. Avec le beau temps, en ce moment on peut en profiter. J’ai de l’espace, de quoi faire avec mes deux enfants de 5 et 10 ans, le travail et la maison. Ça va pour moi. On est confiné en famille donc j’en profite … Je ne suis pas à plaindre.

En famille

LPT : Comment gères-tu ton temps entre la maison, les enfants et le travail ?

MC : Je télé-travaille donc c’est plus facile. J’ai deux agences sous ma responsabilité, je suis dans les stations d’épuration et d’eau potable. Je ne suis pas sur le terrain. Du coup, en ce moment, je fais surtout des bilans et de l’administratif, donc à la maison.

Après, comme beaucoup de monde, je fais des choses que je n’avais pas le temps de faire. Je m’étais toujours dit qu’à la fin de ma « carrière » trail, je referais le plancher d’une grange que l’on a au fond du terrain. Donc je m’y suis mis, un chantier relativement long. Je bricole beaucoup.

J’en profite aussi pour passer du temps, en famille et avec les enfants. Entre les jeux et les devoirs, ça aussi c’est du sport les devoirs ! Ils me suivent toute la journée dans la ferme, sur l’exploitation de mon père, qui est une autre de mes occupations. Il est agriculteur donc je l’aide à semer le maïs, nettoyer les bordures et couper du bois. En ce moment, il commence à labourer. Je ramasse aussi les cailloux qui ressortent, comme tous les ans.

Mes journées sont bien rythmées. Je rentre à 20h, je suis cuit. Il y a même des fois où je m’endors à 21h !

Maxime Cazajou

LPT : Côté sport, comment fais-tu pour continuer à t’entrainer, garder la forme ? Et quel est ton programme d’entrainement ?

MC : Heu alors déjà je n’ai absolument aucun programme. Je n’ai rien de structuré pour la préparation ou me dépenser. J’essaye de courir 1h par jour sur mon tapis de course, que je place toujours face aux montagnes, ou je fais du home trainer. C’est à peu près tout pour ne pas perdre ma  condition. Certains jours, je ne fais rien en cardio. Ce que j’aime ; c’est être à l’extérieur, profiter des grands espaces, donc difficile en ce moment.

MAXIME CAZAJOUS

LPT : Du coup je suppose que tu fais du renforcement et de la musculation ? Car tu es un des traileurs les plus costauds du haut du corps je trouve.

MC : Pas du tout, je n’aime pas soulever de la fonte,  ni le renforcement. L’année dernière en période de préparation je faisais un peu de gainage, de la proprio et de la corde à sauter, cette année rien du tout.

Mais je n’en ai pas besoin, je fais assez de physique dans ma vie. Travailler à la ferme c’est du costaud. Fendre des stères de bois, lever des cailloux ; ça  muscle ! Ça donne même des courbatures, on travaille tout le temps avec son corps quoique l’on fasse.

Le plancher que je refais en ce moment, non seulement cela muscle, mais quand tu montes les poutres ou les planches, tu fais aussi du gainage, ça défonce.

LPT : Donc comparé à l’avant confinement tu en fais beaucoup moins ?

MC : Oui et non. En terme de pure préparation trail oui, je ne pratique que 5 à 6h de sport par semaine et 5 jours sur 7. Il y a pourtant 40 hectares chez mon père, mais c’est plat.

Depuis le début du confinement, je suis allé courir seulement deux fois à la frontale de 6h à 7h, en respectant toujours les règles de confinement distance et temps, mais cela ne me disait rien de recommencer, enfin pour l’instant. Courir en rond dans un jardin cela ne m’attire pas. Il me faut de l’espace.  Ensuite avec tout ce que je fais à côté, je travaille à bloc le physique. En fait je n’arrête pas de la journée, comme je te le disais, je peux être mort à 21h.

L’agriculture ; c’est de la prépa physique non-stop.

Maxime Cazajou

LPT : Question qui fâche, côté alimentation, la première fois que je t’avais rencontré, j’avais même été surpris. Tu sortais d’un repas avec pâté, purée maison, pied de cochon et fromage. Tu aimes la bonne bouffe, et tu ne faisais pas de régime particulier. Qu’en est-il pendant cette période ?

MC : Je ne change absolument rien! En fait, je mange la même chose depuis toujours, tout au long de l’année, les produits du terroir. Je suis de là ; j’ai ça dans le sang. Du coup, je ne mange pas light, jamais de produit sans lactose ou sans gluten, et surtout jamais sans charcuterie ! J’adore ça.

Je consomme les produits de la ferme, très peu transformés ou alors des producteurs locaux de préférence. On fait aussi le cochon, les canards, on mange les œufs de chez nous. Ici c’est la campagne, on est loin des produits tout prêts.

Je ne prête aucune attention à ce que je mange, j’adore la bouffe, j’aime aussi le fromage. D’ailleurs, je viens de commander un excellent fromage entier de 2,2 kg, une tome de chèvre de la ferme Maryse Cazajous à Labatmale (plus d’information ici).

Je ne suis surement pas un exemple, mais j’aime profiter de la vie, bien manger. Comme sur les trails, je ne mange que ce qui me fait plaisir : bananes, sandwichs, fromage jambon. C’est dur de s’entrainer. Donc je prends du plaisir en me posant avec un bon repas, même maintenant, c’est important.

Maxime Cazajou

LPT : Quels vont être du coup tes objectifs pour 2020 ?

MC : J’avais la MaXirace, mais annulée, on verra ce qu’il en est pour l’UTMB, sinon La Diagonale des Fous. Après, la fin de la saison trail arrive vite, donc j’aviserai.

LPT : Justement en parlant de la diagonale, tes résultats ont été très bons ces dernières années, cela ne va pas changer ton objectif à cause du manque d’entrainement, si elle n’est pas annulée bien sûr ?

MC : Pas forcément, car tout le monde sera dans le même cas. Je ne suis pas un débutant dans les ultras. Ce que je veux dire ; c’est que lorsque l’on se lance pour la première fois dans un ultra, cela demande beaucoup de préparation. C’est long. On va dans l’inconnu.

J’ai l’habitude maintenant. Mentalement comme physiquement, je sais à quoi m’attendre, comment me préparer. C’est un avantage, donc si je peux reprendre les entrainements au moins 3 mois avant, cela peut être suffisant pour que la machine soit remise en route.  

LPT : Cela veut donc dire que le trail n’est plus une priorité, plus l’objectif numéro 1 ?

MC : Si, cela reste un objectif, mais ce n’est pas mon métier. Le trail, c’est une passion. Il y a des choses aussi, voire plus importantes, comme ma famille qui est aussi un objectif.

J’aime courir, me dépasser mais comme je t’ai dit, dans les grands espaces. Actuellement, je ne fais que de l’entretien. Je me dépense largement assez à la ferme et dans mes travaux. Alors, je ne vois pas passer le temps. Cela peut même me fatiguer autant.

Maxime Cazajous

LPT : Tu voudrais rajouter un mot sur ce que l’on vit actuellement ?

MC : Pas grand-chose, nous on reste confiné. C’est le minimum que l’on peut faire. Ce n’est pas le moment de sortir faire des bornes en vélo ou en courant. Après, on aura tout le temps.

On prête notre gîte à côté à une infirmière, on essaye d’aider un peu à notre niveau. Comme tout le monde, on doit faire des efforts en ce moment. Les jours plus sympas finiront par arriver …

LPT : C’est à mon tour de clôturer, pour moi. Maxime est vraiment unique, à part, c’est un personnage qui a toujours la banane, même dans le dur il sourit. Son sourire est figé quoiqu’il arrive et où qu’il soit, il croque la vie à pleines dents.

“C’est un mec simple, discret, entier. Il sait d’où il vient et ne l’oublie pas. Il est d’une simplicité remarquable.”

Partout où il passe, il fait l’unanimité des coureurs, bénévoles et organisateurs. Les superlatifs sont trop nombreux pour décrire ce type. D’ailleurs quand tout ça sera fini, je vous conseille vivement d’aller découvrir sa région en séjournant dans son gîte : la Caza Beroi (plus d’informations ici).

Maxime Cazajous

Que ce soit en week-end, en vacances, pour se reposer, en quête de sensations forte, en famille ou entre potes, vous serez conquis par ce gîte, au pied des montagnes Béarnaises.

Gîte qui a la particularité d’avoir été entièrement rénové et fait par Maxime, dans lequel vous trouverez tout le confort pour le repos et le sport.

Donc quand il dit qu’il s’occupe en bricolant, je dirais plutôt qu’il fait du BTP, on comprend mieux sa carrure de spartiate. N’hésitez pas à jeter un œil sur la page facebook dans le lien plus haut.

J’ai eu la chance de le rencontrer chez lui la première fois l’année dernière. Il restera pour moi, toujours dans le top 3 des plus belles rencontres que j’ai pu faire dans le monde du trail.

Je terminerai simplement, sans vexer personne, mais si ce monstre du trail respecte les règles de confinement, alors que toute l’année il s’entraine comme un professionnel à l’extérieur. Comment se fait-il que certains bravent les interdictions en ce moment, alors que le reste de l’année ils ne chaussent jamais une paire de pompes ? Restons solidaire, restez chez vous.

Prends soin de toi Max, milesker

Max et Tom
Ma première rencontre avec Max

 

À propos de Thomas De Peyrecave

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