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ITW : Alexandre Boucheix un athlète inspiré et inspirant

Alexandre BoucheixCopyright : Photo Le Progrès/Joel PHILIPPON.

Nous avons eu la chance de rencontrer Alexandre Boucheix un athlète inspiré et inspirant laissant nous coureurs du peloton, rêver plus grand.

Le premier vainqueur du nouveau format Lyon SaintéLyon, plus connu sous le pseudonyme de « casquette verte » nous a accordé un moment de partage, rencontre.

 LPT : Alexandre nos lecteurs aimeraient en savoir un peu plus sur toi, peux-tu te présenter ?

CV : Alors, je m’appelle Alexandre. Je suis un peu plus connu sous le pseudo Casquette Verte. J’ai 28 ans. Je vis en région parisienne. À St Mandé. Je travaille comme Chef de projet coordination SI dans une grande multinationale française.

Cela fait presque 5 ans que je me suis mis à courir. 3 ans que je fais du trail. Et depuis 2 ans que je le fais de manière un peu plus sérieuse. Je me focus principalement sur l’ultra. C’est ce que j’aime faire, ce que j’aime comme expérience – comme sensations. J’ai déjà fait quelques grosses courses, et j’ai encore pas mal d’envie d’ultras en tête.

Je cours presque quotidiennement. Entre 5 et 8 fois par semaine selon le temps libre dont je dispose. Je prends beaucoup de plaisir à faire cela. J’ai tendance à fonctionner à l’envie, au feeling. Sans trop de prise de tête.  

Casquette Verte

LPT : Tu cours, tu performes, tu travailles, comment gères-tu ton emploi du temps ?

 CV : Ahahaha. Et encore tu ne vois pas tout ce que je fais en dehors. Effectivement depuis 2 ans, la course a commencé à me prendre beaucoup de temps. On ne va pas se mentir, j’ai dû faire quelques sacrifices. Sur d’autres loisirs, sur des sorties entre potes, sur mon sommeil, sur mes ambitions professionnelles, sur le temps consacré à mon couple. J’ai réussi à trouver un semblant d’équilibre. Mais c’est principalement grâce à mon entourage (ma copine, mon employeur) que tout cela est possible. Ils ont complètement intégré que j’avais besoin de temps pour pratiquer ma passion. Et me supportent là-dedans tant que je n’abuse pas.

J’essaie, autant que faire ce peu, de laisser une cloison entre ma passion pour le trail et le reste de ma vie. J’évite de trop mélanger. Afin de garder une place à ma vie en dehors de la course.

Une journée type

C’est réveil tôt pour aller au boulot. Journée au boulot. Retour à la maison vers 20h. Je pars courir 2 ou 3 h et quand je rentre le reste de la vie commence. Une fois les tâches du quotidien effectuées. Il est généralement assez tard, et je me laisse toujours un peu de temps avant de dormir pour me déconnecter de ce quotidien. Je ne tiendrai pas ce rythme des années. Mais pour l’instant cela fonctionne encore comme cela.

LPT : On a déjà dû te poser la question, pourquoi « casquette verte » ?

 CV : Alors c’est assez simple. J’étais président du BDE de mon école étant étudiant. Et de cette époque j’avais gardé des cartons de casquettes d’un week-end d’intégration que j’avais organisé.

Casquette Verte

“Lorsque j’ai commencé à courir, j’ai tout simplement pris une casquette qui trainait dans ces cartons.”

En parallèle, j’ai commencé à partager mes premières sorties. Un peu comme tout le monde, je faisais un bon vieux selfie en fin de run. En tirant la langue et en étant tout transpirant. Bref, le stéréotype de ce que l’on ne veut pas voir sur les réseaux sociaux. Une amie m’a dit au bout de quelques semaines qu’elle n’en pouvait plus de voir ma gueule sur les réseaux sociaux.

Alors, à la sortie suivante, je me suis dit que j’allais prendre en photo ma casquette. Un peu pour la taquiner, et par ce que j’avais en tête la petite histoire du nain de jardin dans le fabuleux destin d’Amélie Poulain. Et puis petit à petit, je me suis pris au jeu.

“Les gens ont commencé à me surnommer Casquette Verte.”

Et l’histoire a commencé. Une chose est sûre, je n’ai jamais fait de sortie sans cette Casquette Verte. Il m’est même arrivé de partir sans, de m’en rendre compte, et de retourner chez moi uniquement pour la récupérer. Bref, c’est devenu une sorte d’accompagnateur de mes aventures. Et puis les gens s’y sont habitué. Donc cela me va.

Alexandre Boucheix

LPT : Raconte-nous ta rencontre avec notre passion commune ; la course à pied et le trail plus particulièrement ?

CV : C’est assez simple. Je sortais de 5 années d’école de commerce. Donc 5 années de beuveries et de malnutrition absolue. Je pesais 23 kg de plus qu’aujourd’hui, je fumais comme un pompier.

J’ai commencé à bosser, et j’ai donc voulu me remettre au sport. J’avais un collègue qui tous les lundis matin se la pétait beaucoup trop à la machine à café en sortant des « Ah. Moi. Ce weekend j’ai couru 30 km, car je prépare un 80 km dans 3 semaines ». Cela me paraissait totalement lunaire. Mais je me disais que si lui pouvait le faire, alors je le pouvais aussi.

Il m’a amené courir quelques fois. 2 km. 3 km. J’en chié grave (il n’y a pas d’autres mots). Au bout de quelques mois, l’envie m’a titillé de prendre un dossard pour le semi-marathon de Paris. Puis une fois que c’était fait, je suis passé sur le marathon.

Et il a voulu m’amener sur la SaintéLyon. J’ai adoré. Je suis tombé dedans à ce moment là.

Je voulais très vite augmenter les distances. EcoTrail de Paris. Templiers. Et hop. Me voilà tiré au sort pour la CCC. Mon premier 100 km. Et quelques mois par la suite, BIM la Diagonale des fous.

Casquette Verte
En 2 ans, je suis passé de galérer à courir 2 km à 80ème de la Diagonale. Cela motive à continuer ^^

LPT : Tu viens de gagner la LyonSaintélyon, peux-tu nous décrire tes émotions en passant la ligne d’arrivée ?

CV : Je ne sais pas si les meilleures émotions étaient celles pendant la course ou bien celle de l’arrivée. Mais puisque tu me poses la question de l’arrivée. Je pense que c’est avant tout une émotion de délivrance. Pas la délivrance d’une douleur vécue pendant cette course, parce que franchement, je suis arrivé très frais à Lyon. Mais c’est plutôt la délivrance vis-à-vis des semaines et mois précédents. Ma fracture sur l’UTMB m’a complètement mis à l’arrêt. Jusqu’à mi-octobre, j’étais encore en béquille. J’ai eu 6 semaines pour reprendre l’entrainement et m’aligner sur la Lyon SaintéLyon.

L’émotion à l’arrivée c’est donc avant tout une sensation de délivrance par rapport à la crainte que j’ai eu de ne jamais pouvoir recourir ou du moins recourir à un bon niveau.

Ensuite, il y a bien évidemment un peu de fierté de gagner un Ultra. Surtout sur cet événement majeur qu’est la SaintéLyon. Cela permet de voir où l’on en est. Après 1 ou 2 jours sur mon petit nuage, j’ai relativisé cette victoire. Bien sur que j’ai conscience que c’est une belle performance, mais il y a encore tellement de chose que je souhaite faire. Je ne m’autorise donc pas de me reposer sur mes lauriers.

Alexandre Boucheix

LPT : Est-ce ta plus belle émotion sportive ?

 CV : Une victoire est toujours une belle émotion. Mais je ne sais pas si c’est la plus belle. A vrai dire j’ai pas mal de très bons souvenirs, de moments d’émotion en course. Pas forcément en compétition d’ailleurs. Le plus souvent, mon émotion est ajustée à l’impossibilité du défi que je me lance au moment où je me le lance. J’ai tendance à me fixer des objectifs qui me semblent impossibles à un instant t. Et réussir à réaliser certain de ces objectifs qui me paraissaient totalement infaisable auparavant, c’est toujours une grande émotion.

LPT : La fin de l’été n’a pas été très drôle avec ta grosse blessure lors de l’UTMB. Parle-nous de tes doutes avant cette formidable victoire ?

CV : Il y a déjà eu les doutes le lendemain de l’UTMB. Je suis à Chamonix. Je marche en béquille difficilement. Je n’ai pas d’avis médical fixe. Je ne sais pas si je pourrais recourir un jour.

Là, c’était vraiment un moment suspendu pour moi. Ne pas savoir. Ne pas pouvoir prévoir, programmer.

Devoir  annuler les dossards (Impérial Trail, Ecotrail de Wicklow, Diagonale des fous). C’était un moment difficile à passer.

Plus tard, quand on m’a dit que je pouvais d’abord refaire du vélo. J’ai sauté sur l’occasion pour éviter de ne trop prendre de poids en attendant de pouvoir reprendre la course à pieds. Quand j’ai enfin pu reprendre la course, c’était réellement dans la souffrance. J’ai redécouvert toutes les sensations de celui qui débute, mais en les appliquant à des sorties quotidiennes de 20 à 30 km. Je te laisse imaginer les douleurs que j’ai pu ressentir.

J’avais gardé avec un infime espoir ce dossard sur la Lyon SaintéLyon.

À une semaine de l’événement, je n’avais toujours pas recouru plus de 3 h de suite. Alors se lancer sur 152 km. Autant te dire que c’était vraiment se jeter dans le gouffre les yeux fermés en espérant que cela passe.

Casquette Verte

Etre au départ c’était une petite victoire.

Réussir à rejoindre Saint-Etienne une autre. Réussir à envoyer sur le retour, c’était une autre victoire. Mais c’était surtout aussi une manière de me rassurer, et de me dire que j’étais sur le retour. Maintenant, je reste sur ma ligne de conduite en me disant que je vais tenter de revenir au mieux de ma forme d’ici à Avril prochain.

LPT : Seulement 24h de récupération après ta victoire tu enchaînes une sortie de 23 km à 4’15/km, c’est quoi ton secret ? la folie ?

CV : Ahahah. Je n’ai aucun secret. Je ne fais rien de spécial. Je suis simplement très habitué à courir cette distance de manière quotidienne. 23 km, c’est le minium syndical dont je m’autorise. J’essaie de ne jamais faire moins.

C’est donc devenu une petite sortie pour moi. Le fait d’avoir enchaîné les 4 jours suivant la Lyon SaintéLyon à ce rythme, cela vient surtout de mon envie, enfin du plaisir que je prends à courir.

Si j’ai deux heures par-ci par-là, je cale une sortie et j’y prends du plaisir. Peu importe ce qui s’est passé avant ou après.

Certes, j’ai une très bonne faculté de récupération. Et je pense qu’il n’y a pas de secret pour l’acquérir et l’entretenir. Il faut s’y habituer. Il faut être régulier. Il faut que cela devienne normal. 

Alexandre Boucheix

LPT : Comment structures-tu ton entraînement, plan, alimentation phase de récupération ?

 CV : Bah c’est très simple. Je ne structure rien.

Je fuis les plans, les plannings, les méthodologies d’entrainement. Je n’ai jamais fait de séance de VMA, de VO2 max, de fractionné. Je ne sais même pas ce que cela veut dire. Et plus je m’en tiens éloigné, et mieux je me porte.

Je cours au feeling, à l’envie. J’ai quelques petites règles que je me fixe, mais on ne peut pas considérer cela comme un plan. Jamais moins de 23 km. Des semaines avec des thématiques un peu particulières :

  • Ex : une semaine de plat pour faire un peu de vitesse.
  • Une semaine à faire le hamster sur les côtes parisiennes pour faire un peu de dénivelé.
  • Des sorties où je travaille un peu plus mes appuis,
  • et des sorties ou je travaille un peu plus la position de mon corps.

Mais franchement, ce n’est pas tellement écrit. Si je devais suivre des plans, cela me soûlerait, et j’arrêterais très vite de courir.

“J’ai besoin de la liberté qu’offre la course à pieds pour continuer à la pratiquer.”

Niveau alimentation, en dehors d’éviter de prendre des grandes quantités d’alcools forts, je n’ai aucune règle.

Je fais d’ailleurs un peu n’importe quoi. Je vais tenter dans les années à venir de suivre cela de plus près. Mais ce n’est même pas vis-à-vis de la course. C’est plutôt vis-à-vis de ma santé de manière générale.

LPT : As-tu un secret à faire partager à nos lecteurs ?

 CV : Euh. Il y a plein de choses que je ne souhaite pas partager. Donc quelque chose de simple : J’ai uriné en courant un peu avant d’arriver à Soucieu-En-Jarez. Ouiiii. J’ai dit en courant.

LPT : Quels conseils donnerais-tu à nos lecteurs coureurs voulant progresser ?

CV : Il faut se mettre dans la tête que rien n’est impossible. À partir de là, 50 % du chemin est fait. Pour les 50 autres %, il n’y a pas de secret. Le talent (comme disait Brel) cela n’existe pas. Le talent c’est d’abord de la sueur, c’est des efforts. Le talent c’est d’avoir envie de faire quelque chose. Le reste c’est du boulot.

Casquette Verte

LPT : Le calendrier 2020 se prépare, as-tu déjà des courses en tête ?

 CV : Le calendrier 2020 est déjà prêt depuis un bon moment. En dehors de l’UTMB et de la Diagonale où je ne suis pas sûr de pouvoir m’inscrire en élite sans passer par le tirage au sort, tout le reste c’est normalement OK.

LPT : Et à part la course à pieds et la musique (voir le compte instagram casquette verte) as-tu d’autres passions ?

CV : Houla. Des passions, j’en ai plein. Peu que je pratique. Mais ce n’est que partie remise. La vie est longue.

En ce moment, en dehors du trail, j’ai deux passions : Mon boulot et ma copine. Mais plus tard dans la vie je pense que cela évoluera selon les envies. J’aimerais apprendre le piano. J’aimerais me remettre au skateboard. J’aimerais écrire un livre. J’aimerais réaliser un documentaire, des films. Bref, c’est très vaste.

Interview Ping-pong, une question, un mot :

Si je te dis :

UTMM : Défi débile. Mais aussi dur que débile.

Performance : Pas un but en soi.

Objectif : L’improbable.

Compétition : N’est pas un moteur.

Trail : Liberté.

Salomon : Partenaire.

Casquette Verte : Compagne.

L’ensemble de la rédaction se joint à moi pour te féliciter de nouveau pour ta formidable victoire. Nous ne manquerons pas de suivre et relayer tes exploits sportifs venus d’ailleurs.

Bonne récupération et au plaisir de te retrouver sur un évènement.

À propos de MATHIEU JESEQUEL

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